En 1970 c'était comment ?
Le matériel :
C'était l'époque des vélos en acier de 11 à 13 kg en fonction de la taille, des pieds bien calés avec des sangles en cuir. Nous avions des petites chaussures en cuir noir avec des cales fixées avec des clous. Il ne fallait pas se tromper en les fixant avec les pointes, sinon c'était des problèmes de genoux assurés.
L'hiver c'était horrible, on avait les pieds presque gelés. Il fallait être très motivé pour rouler avec 5 degrés ou moins, habillé comme en été ou presque.
Pas de chaussures d'hiver, pas de veste thermique, pas de gant d'hiver, pas de pédales automatiques, pas de casque de protection sauf pour les cadets et les minimes. C'était un casque avec des bandes de cuir ou casque à boudins.
Les manivelles Stronglight étaient maintenues par des clavettes. L'outillage était simple : une clé et un bon marteau. On avait souvent un peu de jeu au niveau du pédalier. En 1968, en escaladant une côte à Paron de 10 %, debout sur les pédales, la manivelle gauche s'est cassée en deux, subitement. Vous voyez la suite. C'est assez douloureux.
Le passage des vitesses se trouvait sur le cadre ou sur le guidon, assez pratique pour les sprints, mais l'indexation manuelle ou électrique des vitesses, genre Di2, n'existait pas. Le dérailleur se réglait avec l'oreille ....
Quand il pleuvait, le cuissard en laine avec une très fine peau de chamois flottait un peu. Ce n'était pas très "sexy demain" mais nous étions très rarement en surpoids!
Le maillot était en laine également. Un peu chaud l'été. Les manches longues n'existaient pas, même en hiver.
La publicité :
C'était nettement mieux pensé qu'aujourd'hui. Peu de publicité mais très visible. Le coureur n'était pas le porteur de publicité d'aujourd'hui. Trop de publicité tue la publicité.
Pas de casque sauf pour les minimes et cadets (casque avec des lanières en cuir)
Pas de compteur de vitesse
Pas de cardiofréquencemètre
Pas de capteur de puissance
Pas de roues en carbone
Pas de passage de vitesse électrique Shimano Di2
Pas de vélo de contre la montre aéro Cervélo P5
Pas de GPS Garmin
Pas d'application sportive STRAVA sur smartphone ou Garmin connect
Pas de coach sportif ou de médecins du sport
Pas de pneu avec chambre à air mais des boyaux de 19 mm gonflés à 10 bars, plus confortables sur la route
On pratiquait le vélo avec rien ou presque, comme en 1900, la roue libre en plus avec 10 ou 12 vitesses (52-42 et 13 à 18). Nous étions bien loin des beaux vélos aéro 2016, en carbone de 6 kg et de la préparation très scientifique d'aujourd'hui avec coach sportif en direct ou en ligne.
VO2max, PMA, FTP:
VO2 max : ce terme n'existait pas pour nous à cette époque. On parlait de spirométrie, mais cela n'a rien à voir avec la VO2max.
On mesurait la capacité pulmonaire maximum avec un spiromètre à cloche. Je me souviens d'avoir fait exploser la cloche, histoire d'amuser le médecin militaire...
Je dépassais largement les 8 litres d'air dans les poumons, comme certainement un bon nombre de coureurs cyclistes.
Fréquence cardiaque :
La fréquence cardiaque moyenne, maxi, ou au repos étaient des notions inconnues pour les coureurs du club. Ce n'était pas trop notre préoccupation en plus. On connaissait notre fréquence au repos, moins de 50 pulsations en générale et notre tension arterielle (13/6). Pour le reste, nous étions jeunes, légers, et peu essoufflés dans les côtes avec notre 18 dents à l'arrière et 42 devant.
Le cœur devait battre à 200 mais on ne le savait pas!
Les tests d'effort et la ceinture cardio n'existaient pas pour nous. C'était difficile de s'arrêter au bord de la route et de compter les pulsations cardiaques avec la montre. En 2016, lecture directe sur l'écran du compteur GPS pour la fréquence cardiaque.
La vitesse-la fréquence de pédalage-la longueur des courses sur le département de l'Yonne et
les développements :
A 14 ans, j'avais installé un gros compteur de vitesse pour mesurer la vitesse de pointe. J'avais beaucoup de mal à atteindre les 50 km/h sur le plat. J'avais presque réussi un défi personnel des 80 km/heure dans une descente de Paron. J'avais fait 78 km/heure !
Je n'avais pas de casque, des freins très moyens, et des voitures partout en bas de la descente ! C'était comme cela à cette époque. La sécurité, les limitations de vitesse n’existaient pas et nous étions en France, à 15 000 morts par an sur les routes, plus les cyclistes et les piétons.
Ce n'était rien comparé à cette période de la seconde guerre mondiale que nos parents avaient bien connue 30 ans auparavant, nos grands parents juste avant, et celle de 1870 avec les Prussiens à Paris.
Vitesse en cadet : 35 km/heure à 40 km/heure de moyenne en course, avec un temps de 1h20 pour une course de 50 km. Par contre, à l'entrainement, ce n'était pas la bagarre, on roulait souvent seul, très rarement en groupe, sauf en janvier pour la reprise. Les courses ne dépassaient pas 50 km.
Vitesse en 3-4 : Cela roulait assez vite, voire vite avec des vélos à 13 kgs:
Les 100 km, allure course, en 2h30 si le circuit était plat, soit 40 km/heure de moyenne et 2h50 le plus souvent sur un terrain vallonné, soit 35 km/heure. Nous avions souvent des circuits très courts de 2 km, les tourniquets, et des circuits longs de 15 km ou plus. Une course en 3-4 ne dépassait pas 100 km et 3 heures. La distance moyenne était de 90 km.
Vitesse en 2-3-4, sur 120 km, c'était 3 heures comme sur le prix Saint Alary à Sens, voire plus de 40 km/heure comme à Migennes en 1969, sur un tourniquet plat de 1.15 km à parcourir 90 fois. Jean Paul Chamozzi, de l'ACS BOISSEC, gagne au sprint devant Odin/Mayda/Broyon/Bourand/Loury/JC Bezine/Leboulanger à la moyenne record de 41 km/heure....
Concernant la fréquence de pédalage, c'était peut être 80, 90 ou 100 tours/mn, on regardait peu ce paramètre, mais nous "moulinions" très fort à l'entrainement. On ne roulait pas avec le 52 à l'entrainement.
En toute catégorie, la distance de la course était comprise entre 120 et 180 km. Paris-Auxerre c'était plus de 200 km.
Nous avions un double plateau en 42/52-53 ou 44/52 ou 44/50 et 5 vitesses ou 6 vitesses sur la roue arrière en 13-14-15-16-17-18. On ne changeait pas la cassette. On passait toutes les côtes du département et de la région avec le 18, en puissance..... Le 13 dents n'était pas très utilisé sauf en 1 ère catégorie. Personnellement j'avais du mal à emmener les très grands braquets. Je n'avais pas de 13 dents. Nous avions un tour de taille de 38 cm, et des "grosses cuisses" par rapport au haut du corps, et des soucis pour porter certains pantalons. On devait envoyer très facilement plus de 1000 watts au sprint.
Nombre de compétitions par an : de 30 à 100 par an
30 courses en moyenne pour les coureurs cadets à 2-3-4 qui finissaient la saison.
Beaucoup plus pour les premières catégories et hors catégories (70 à 100 courses annuelles)
Jean-Claude ALARY, niveau national, m'a confirmé en mai 2024 qu'il participait à 100 courses par an dans ces années. C'était un spécialiste des courses par étapes. Il devait très bien récupérer pour participer à autant de courses dans l'année.
Esprit d'équipe et coaching :
Nous n'avions pas d'entraineur avec plan d'entrainement.
Rien ou presque, pas de consigne d'équipe. On roulait pour soi dans une équipe de 10 à 20 coureurs du même club. On évitait parfois de courir ensemble, pour être seul et de ne pas courir contre ses coéquipiers. Il n'y avait pas de leader déclaré officiellement, mais cela correspondait à un état d'esprit de cette époque.
Une rivalité entre coureurs du même club existait sans trop perturber l'ambiance générale, sauf, quand les parents des coureurs s'énervaient un peu trop et c'était fréquent. Pas de réseaux sociaux, pas de traces.
1968 était passé par là, les parents suivaient de près ou de loin les performances de leurs enfants prodiges. Pas de "coach" sportif dédié au club. Personne n'avait cette compétence technique dans le club BOISSEC.
Nous avions des bénévoles très sympathiques, mais très rarement au fait de la diététique, des entraînements, de la stratégie de course. Ils étaient très motivés et très passionnés, mais ne connaissaient pas grand chose à la compétition cycliste moderne.
L’entraîneur des cadets était le très sympathique vétéran DURAND Pierre, patron du mythique bar de l'écu à Sens et trésorier du club. Pierre Durand est décédé à Sens en 2011. J'avais prévu de le revoir mais il nous a quitté bien trop tôt.
Nous étions loin du cyclisme professionnel avec les porteurs d'eau. Le cyclisme amateur était un sport individuel. C'était souvent le cas dans tous les clubs ou presque du département, sauf dans l'Aube.
Dans l'Aube, il y avait un coach, c'était le grand Marcel_Bidot, qui commandait et c'était totalement différent. Quand l'UVA ou l'UVCA était au départ de la course, on visait la place de 2 ou 3 au mieux. Ils arrivaient à trente coureurs du même club avec le leader en tête. Parfois on avait les deux clubs UVA et UVCA dans la même course. Ces clubs étaient gérés comme des clubs professionnels. On voyait souvent le jeune surdoué Hubert Linard, au départ de la course et à l'arrivée...
Ce champion de France des minimes 1967, des cadets 1968, gagnera, en plus des courses régionales, Paris-Troyes, Bordeaux-Paris, Paris-Mantes, le Tour de l'Aube, Auxerre-Nevers, Paris-Egreville, Paris-Camembert et participera à 6 tours de France.
Nombre de km d'entrainement par semaine :
Inférieur à 200 km sur 2 à 3 sorties dans la semaine, principalement le mardi avec 50 km et le jeudi avec 100 km. Il fallait rajouter les kilomètres effectués pour aller au collège ou au lycée soit 100 km au moins par semaine pour ceux qui ne déjeunaient pas à la cantine le midi. C'était mon cas, j'avais une mobylette Motobécane verte mais sans le moteur, avec un développement très très petit, mon père était déjà très écologique, et un poids approchant les 25 kg.
En 1970, dans mon lycée, nous étions 4 à faire de la compétition cycliste le dimanche sur 2 000 lycéens, soit 0.2% dont Denis cousin et Patrick Floquet.
Ce chiffre est encore plus faible si l'on additionnait tous les collèges et lycées de la région de Sens. Le fractionné était pratiqué par certains coureurs, mais c'était le début de cette technique révolutionnaire, déjà en vigueur pour les coureurs à pied. Personnellement, en 3-4 et 2-3-4, j'avais un parcours de 8 km avec une bosse de 2.5 km à 4 %, à faire 10 fois.
Le pignon fixe était utilisé en hiver. L'entrainement derrière moto était réservé aux premières catégories. En général, nous nous entraînions seul à une vitesse de 25 km/heure, guère plus. La course c'était le dimanche, pas en semaine.
Les sorties entrainement club :
C'était un peu la course. J'évitai ce genre d'entrainement qui n'apportait rien ou presque sauf à l'approche des courses de mars. Je m’entraînais seul du côté de Soucy et Saligny. Je pratiquais le fractionné.
DEPLACEMENTS aux COURSES :
Chaque coureur se débrouillait comme il pouvait. Les automobiles étaient déjà très utilisées. Les parents qui aimaient le vélo accompagnaient leur enfant aux courses, très nombreuses sur le département de l'Yonne. Les dirigeants utilisaient souvent leur voiture personnelle. Les vélos étaient attachés sur la galerie. Je me souviens bien de la Citroën DS 20 de monsieur Pierre Durand.
Livres spécialisés en cyclisme :
Oui mais très peu.
"la course en tête" 1966
du champion du monde universitaire Jean Bobet, le frère de Louison, "la course en tête", de 1966. C'était un superbe livre, très accessible.
"CYCLISME SUR ROUTE", 1968,
de Daniel Clément, entraîneur national de cyclisme de l'institut national des sports et de la FFC de 1943 à 1982, aux éditions Amphora, 136 avenue Parmentier, paris XI. Ce dernier livre était la référence pour les cyclistes souhaitant progresser.
Concernant les magazines, il existait Miroir Sprint, mais on était très loin des magazines comme CYCLO coach ou CYCLO Sport.
Les spectateurs et les journaux :
Il n'était pas rare de voir plus de 1500 spectateurs à l'arrivée d'une petite course départementale " 3 et 4 " de 100 km. Je me souviens d'une très belle arrivée de course en 3 et 4, dans le village de Lavau, en 1969, avec 1500 spectateurs à l'arrivée (voir l'article de presse). Ce n'est malheureusement plus le cas aujourd'hui. Le cyclisme sur route amateur n'a pas évolué avec l'époque très médiatique d'aujourd'hui en 2016.
Dans le journal Yonne Républicaine du samedi, on trouvait 1/2 page avec les engagés et le pronostic du journaliste sportif qui se trompait rarement. Le lundi, entre mars et octobre, c'était une page pleine, avec photos, consacrée aux cyclistes, avec ses deux, trois, quatre, voire cinq courses sur le département !
Près de 300 coureurs pouvaient prendre le départ des premières courses de mars dans le Sénonais. Les grands clubs parisiens et aubois venaient très souvent. Les échos journalistiques de certains clubs importants paraissaient chaque semaine dans le journal, comme les "échos de l'A.C.S BOISSEC". Tout cela créait une ambiance assez électrique, pour les coureurs, dirigeants et supporters, pendant six à 9 mois par an.
En 2016, il reste le formidable tour de France professionnel en juillet, et le triathlon. Mais toutes les courses internationales sur le département, ont malheureusement disparu.
Disciplines : 2 uniquement voire 3 avec la piste
1-La route avec les courses en ligne, les CLM, les gentlemen
à partir d'octobre c'était le cyclo-cross
Dans certaines grandes villes mais pas en Bourgogne : la piste
Pas de BMX, VTT, cross-contry, descente, trial, polo-vélo, cyclisme artistique ...etc
161 courses organisées en 1970 sur l'Yonne (dont 40 par BOISSEC)
80 courses en catégorie 2-3-4
- 1 course internationale amateurs "le Tour de l'Yonne"
- 26 courses en toutes catégories amateurs dont Paris-Auxerre et Paris-Sens !
- 1 course internationale amateurs "la Flèche d'Or"
- 1 course internationale professionnels "la Flèche Auxerroise"
- 1 course internationale professionnels " La Ronde de Seignelay"
- 1 course internationale professionnels "La polymultipliée à Sens" course pour les grimpeurs fous ...
Nombre de compétiteurs sur le 89 en 1970:
Environ 200 compétiteurs et 130 dirigeants (source YR)
Les chiffres icaunais de 1968 : 194 compétiteurs
44 séniors
107 juniors (17-18 ans)
35 cadets
3 minines
5 vétérans (+45 ans)
12 clubs Icaunais FFC
Pas de club UFOLEP ou autres fédérations
AC SENONAISE
US VILLENEUVE /YONNE
CC JOIGNY
VC MIGENNOIS
STADE AUXERROIS
VC AUXERROIS
ES SAINT FLORENTIN
AS TONNERROISE
SAINT FARGEAU SPORT
UC AVALLONNAIS
ES CHEMILLY SEIGNELAY
ES CHAMPIGNELLES
Les catégories : 1-2-3-4 en junior/Sénior masculin
Et les minimes-les cadets-les vétérans-les féminines
La licence FFC courait du 1er janvier au 31 décembre
- Minime ( 13 et 14 ans)
- Cadet (15 et 16 ans)
- junior ( jusqu'à l'âge de 18 ans )
- Féminine ( couraient avec les cadets )
- Quatrième catégorie.
- Troisième catégorie
- Seconde catégorie
- Première catégorie
- HC ou hors catégorie ou indépendant ( le coureur était son propre patron )
il y avait très peu de HC ( dans l'Yonne 1 voire 2 coureurs)
Organisation : c'était très simple !
1-Les minimes couraient avec les minimes.
2-Les cadets couraient avec les cadets voire avec les féminines
3-les 4 couraient avec les 3 et les juniors (3-4 et juniors)
4-les 2 couraient avec les 3 et 4 et les juniors ( 2-3-4 juniors) et parfois avec les 1e ( courses rares en 1 et 2)
5-les premières couraient entre eux ou en toutes catégories ( 1+2+3+4) mais dans les faits les 3 et 4 ne couraient pas, vu le nombre de courses très importantes qui leurs étaient proposées en 3-4 voire 2-3-4.
La différence de niveau physique était énorme entre les 1e et les autres.
Pour évoluer et changer de catégorie :
Source : Charles Guénard, la mémoire du vélo !
Il fallait un certains nombre de points attribués au 3 premiers de la course :
- 3 points pour le vainqueur
- 2 points pour le second
- 1 point pour le troisième.
Pour changer de catégorie (source Charles Guénard le 17-11-2017)
- De 4 vers 3 : 1 victoire
- De 3 vers 2 : 10 points
- De 2 vers 1 ère catégorie : 7 points ( on pouvait monter en première sans victoire )
En fin d'année, les points n'étaient pas remis à zéro comme aujourd'hui en Ufolep par exemple ou ailleurs.
En début 1971, une révolution ridicule arrive et tout change, voir document des ECHOS chez Alain Boyer
Une exception : les juniors 1 et 2
Le junior pouvaient gagner 30 courses en 3 ième catégorie s'il en avait les moyens physiques . Le junior avait entre 17 et 18 ans maxi. Ce n'était pas une catégorie. Il passait en 2 dès ces 18 ans révolus et le nombre de points atteint. Un handicap pour ceux nés en juin ou avant comme moi ....
Je pense qu'il aurait fallu au moins attendre la fin de saison pour changer de catégorie le jeune coureur dont l'anniversaire des 18 ans se situait dans le cours de la saison. Au pire, il fallait au moins lui demander son avis.
18 ans, c'était beaucoup trop jeune pour passer en deuxième catégorie et courir avec " les premières et HC" très expérimentés de cette époque. Le carburant n'était pas souvent le même..
Les courses 2-3-4 étaient peu nombreuses sur le département. Nous n'avions pas tous le profil de "Maître Jacques" le normand, qui avait remporté à 19 ans , le Grand Prix des Nations, un CLM de 140 km. La différence entre les 3/4 catégories et les premières/deuxièmes catégories était énorme, par la distance, la vitesse moyenne et le niveau de ces coureurs, plus âgés et plus expérimentés.
C'était souvent la montée en première catégorie ET l'arrêt rapide de la compétition pour beaucoup de ces très jeunes coureurs. Dommage !
Les vétérans ( + de 45 ans)
Le vélo FFC était fait pour les jeunes, nous n'avions pas ou peu de courses pour les vétérans ou "masters" comme on dit en 2016. L'UFOLEP cyclisme n'existait pas dans l'Yonne en 1970. Aujourd'hui, on peut courir à plus de 65 ans voire 75 ans.
C'était impensable voire ridicule à cette époque. L'espérance de vie pour les hommes, dans les années 1960-1970, était de 67-68 ans! La retraite professionnelle était fixée à 65 ans. Elle passa à 60 ans en 1981.
Les professionnels
Les termes "Elite", "Pass’cyclisme", "Pass’cyclisme open", "Pass’sport nature", "Pass’loisir", "Pass’sport urbain", "master" n'existaient pas. Aujourd'hui, en 2016, la catégorie 4 a disparu et à fait place au pass-cyclisme, le cyclisme loisir ! Le kilométrage a été réduit et c'est très bien.
Pour faire simple, en 2016, vous avez les 1-2-3 régionaux, les juniors et la catégorie loisir avec le pass-cyclisme (D1-D2-D3-D4). Avec une licence pass-cyclisme OPEN, vous pouvez courir avec les 1-2-3 juniors et les départementaux.
Mais en réalité c'est plus compliqué ...... qu'en 1970, mais c'est nettement mieux pour les vétérans et le cyclisme-loisir.
Notre carburant :
En 1970, c'était l'eau sucrée et le glucose vendu en pharmacie plus facile à avaler que le sucre en morceau. A notre niveau nous avions une course par semaine, le dimanche, jour férié....Pour la course de 100 km, j'avais des abricots secs et quelques morceaux de sucre ou glucose. On mangeait assez léger au moins 3 heures avant la compétition. On ne pensait pas au dopage en 2-3-4 junior cadet. C'était un peu le pass-cyclisme d'aujourd'hui avec plus de kilomètres de course. On savait que cela existait pour les professionnels et les indépendants ou HC, mais on ne savait pas trop ce qu'ils prenaient. Internet n'existait pas en 1970.
Il faudrait poser la question aux premières catégories qui couraient plusieurs fois par semaine, participaient à des courses par étapes exigeantes.
Le mental des coureurs :
Très très fort pour l'ensembles des coureurs. La pluie, la grêle, le soleil, la canicule, le nombre de kilomètres, le poids du vélo, les côtes avec le 42x18, les défaites, les fringales, la vitesse, les risques de chute, les commentaires désagréables des supporteurs, etc, rien n'arrêtait ces coureurs et ces très jeunes coureurs.
Nous étions collégiens, lycéens, jeunes travailleurs, étudiants, fonctionnaires. Certains premières catégories ou indépendants HC plus âgés ne travaillaient pas. Ils vivaient du vélo. A quelques rares exceptions, le coureur cycliste ne courait pas plus de 10 à 15 saisons. Les vétérans de plus de quarante ans étaient très rares dans les pelotons.
Ce n'est plus le cas en 2016, où la fédération UFOLEP a fait beaucoup de bien pour cette catégorie de coureurs qui souhaitent courir un peu, malgré un âge avancé et dans leur catégorie d'âge.
La FFC a bien réagi en créant le Pass'cyclisme FFC, la compétition loisir avec un assez faible kilométrage en course.
Réseau social et communication :
Bien sûr que non à cette époque. L'informatique grand public n'existait pas. Strava, le réseau social d'aujourd'hui est parfois présenté comme le “réseau social des cyclistes”. Un surnom qui résume à merveille les fonctionnalités de cet outil. Pour faire simple, Strava permet de collecter des données GPS et ainsi de suivre l’évolution de ses performances.
Quand un cycliste va s’entraîner, il démarre l’application sur son Garmin ou smartphone qui enregistrent notamment le parcours, la vitesse moyenne, la distance parcourue, les segments, le rythme cardiaque, le dénivelé, le score d’endurance, la dépense d'énergie, la cadence de pédage, la puissance. Avec Strava, le cycliste peut mettre en ligne ses performances. D’où l’étiquette de réseau social, puisque ces performances sont vues par l’ensemble des personnes qui “suivent” le compte Strava du coureur. Strava existe depuis 2009.
Sinon nous avions deux journaux locaux, l'Yonne Républicaine et le sénonais libéré. Un article le samedi et un article le lundi. Des photos et des commentaires très détaillés à chaque course avec souvent un journaliste spécialisé dans le cyclisme local. C'était absolument génial.
Les classements ou TOP 10 de l'Yonne/Bourgogne :
Cela n'existait pas dans l'Yonne à cette époque en 2-3-4. Il y avait le classement du conseil général, devenu conseil départemental, pour les cadets à partir de 1970. Il existait un classement France pour les premières catégories uniquement. En 2016, un classement national pour les 1-2-3 existe ICI .
Il existait le championnat de Bourgogne avec une course par an, par catégorie et le championnat de Bourgogne des sociétés. Le VCA et le Stade Auxerrois ont remporté ce CLM des sociétés. Il n'existait pas de championnat départemental FFC.
On peut affirmer, sans trop se tromper, que Rémy Jambou (VCA) était le numéro 1 en 1967- 1968 en cadet. Rémy Jambou, à ne pas confondre avec ses frères cyclistes Denis ou Jean-Pierre, fut champion de Bourgogne cadet en 1968 devant le dijonnais Jarrot, et 9 ème au championnat de France 1968.
Il serait intéressant de connaître son nombre total de victoires en FFC. Le numéro 1 Icaunais cadet en 1969 était Philippe le Bellec. Le numero 1 Icaunais cadet 1970 et 1971 était Denis Cousin. Très certainement le numéro 1 en Bourgogne.
Concernant les séniors, on peut citer Jean-Pierre Mayda le champion de Bourgogne.
Le niveau des Icaunais en 2-3-4 était assez relevé. Rares, sont les coureurs étrangers au département qui ont gagné des courses en cadet ou "3-4" dans les années 1967-1970, ou bien, il fallait être champion de France et s'appeler Hubert Linard ou François Pescheux ou Pierre Leglois.
C'était différent en première catégorie ou le niveau était plus faible que dans l'Aube ou la Nièvre. Dans la pratique, nous avions des courses séparées en minimes, cadets, féminines "3 et 4", "2-3-4", et les toutes catégories (1-2-3-4).
Nous avions très peu de première catégorie dans les clubs icaunais, ils étaient tous ou presque dans les grands clubs parisiens. Le cycliste le plus connu à l'A.C.S BOISSEC en 1967, et le plus titré était Serge Guillaume qui passa professionnel en 1968, un peu après Raymond Riotte, l'autre professionnel très médiatique du département.
Serge Guillaume était un coureur très élégant, champion de Bourgogne des hors catégories (HC) en 1968, sous le maillot du stade auxerrois, champion de Bourgogne des sociétés également en 1968.
En 1970, dans le club BOISSEC, nous avions deux premières catégories avec Jean-Claude Joubert ( je n'ai pas d'articles de presse le concernant à ce jour, il faudrait remonter à 1962-1965) et Charles Guénard qui passa dans cette catégorie en fin d'année 1970 je crois.
En 1971, Alain Boyer, Philippe Le Bellec, Luc Rat passèrent en première catégorie. Peut-être d'autres coureurs, par la suite, à vérifier.
Les gains :
Le fameux bouquet de fleurs remis par une très charmante jeune fille et parfois une coupe offerte par un commerçant local. Et des petites primes distribuées pendant les sprints intermédiaires. Si le sprint n'était pas disputé, pas de prime. Pour ceux qui avaient un contrat, ils étaient rémunérés au nombre de kilomètre de la course gagnée. Il était préférable de gagner de longues courses. Ces primes amortissaient à peine le matériel, ou alors il fallait gagner tous les dimanches.
Mais on ne courait pas pour l'argent. Il serait intéressant d'écrire un article sur les motivations réelles des coureurs FFC de cette époque.
C'était différend avec les premières catégories et les indépendants qui souhaitaient rester amateur. Ils couraient pour gagner des primes. C'était un vrai métier ou presque.
C'était également l'époque du Tour de l'Yonne, la flèche d'or, épreuves cyclistes amateurs internationales, épreuves gagnées par des champions du monde ! Des épreuves cyclistes internationales pour les professionnels, spectacle garanti, comme la ronde de Seignelay, la flèche auxerroise et la polymultipliée gagnée par Lucien Aimar en 1970.
161 courses organisées par les clubs icaunais en 1970 dont 40 courses organisées par le seul club BOISSEC !
C'est tout simplement exceptionnel comparé à 2020, 50 ans plus tard, où il n'y a plus rien ou presque en FFC.
1970 les trois meilleurs cadets de l'Yonne COUSIN-GARNIER-CRAPPE
Vélo Hygina fabriqué dans l'Yonne à Egleny dans les années 1970, poids 10 kg
Casque cuir
Chaussure cuir avec cale tenu avec des pointes acier